Les Mutualités Libres ont publié ce 13 novembre une étude « Médicaments tératogènes ou foetotoxiques utilisés pendant la grossesse en Belgique » qui montre que, dans 83% des grossesses, les femmes prennent au moins un médicament remboursé et que, « dans 7% des cas, les femmes enceintes utilisent même des médicaments potentiellement dangereux pour le fœtus ou qui pourraient provoquer des anomalies dans son développement. » Outre les deux molécules particulièrement nocives pour le fœtus que sont l’acide valproïque (à n’arrêter que sur avis médical) et l’isotrétinoïne (à arrêter systématiquement), cette étude met surtout en lumière une large utilisation des anti-inflammatoires non stéroïdiens, pourtant déconseillés ou contre-indiqués tout au long de la grossesse (y compris en topique).
Face aux risques potentiellement très graves liés à la prise de médicaments inappropriés au cours de la grossesse, vous avez évidemment un rôle majeur à jouer. Notamment, lors de la délivrance d’AINS sans ordonnance. Ainsi, dans leurs conclusions, les Mutualités Libres recommandent notamment « d’éviter la banalisation des anti-inflammatoires non stéroïdiens (diclofénac, ibuprofène, aspirine, etc.) en informant les femmes enceintes et celles qui ont un projet de grossesse et en sensibilisant les professionnels en contact avec elles. Si un traitement antalgique est nécessaire, la préférence va au paracétamol en 1ère intention (…).«
Mais votre rôle dépasse évidemment le cadre strict de l’automédication. De par votre proximité et la relation de confiance nouée avec vos patientes, vous êtes en effet bien placés pour « sensibiliser les femmes quant aux risques potentiels liés aux médicaments pendant la grossesse et les inciter à [vous signaler] tout désir de grossesse ou grossesse lorsque la prise d’un médicament est proposée. » Les Mutualités Libres estiment d’ailleurs que « les différents acteurs de santé (médecins, accoucheuses, pharmaciens) présents autour de la femme enceinte ont un rôle d’information à jouer » et que ce rôle devrait être renforcé « surtout chez les femmes avec un statut social précaire/à faible revenu.«
Il faut évidemment inciter les femmes qui souhaitent avoir un enfant ou sont enceintes à le communiquer spontanément. Pour les sensibiliser, vous pouvez notamment utiliser le matériel proposé par l’AFMPS dans le cadre de sa campagne « Prendre un médicament en cas de désir d’enfant, de grossesse ou d’allaitement? » (voir l’affiche, la brochure d’information ou le site web de la campagne). Notez que vous pouvez commander des affiches et des dépliants en envoyant un mail à comm@afmps.be.
Par ailleurs, pour un certain nombre de médicaments concernés, les entreprises ont dû mettre en place un plan de minimisation de risques. Ce plan comprend notamment la mise à disposition de matériel destiné aux patients. Tout ce matériel est directement accessible dans DelphiCare (via l’onglet Pharmacovigilance figurant dans le menu vertical de gauche lorsque vous consultez les informations relatives à une spécialité sur le site web de DelphiCare). Si vous délivrez du Roaccutane®, par exemple, il convient de vérifier si votre patiente a déjà reçu les informations prévues (consultables ICI). C’est un rôle majeur des prestataires de soins qui va être évalué. Pensez donc à remettre cette information surtout lors de la 1ère délivrance d’un médicament concerné.
Info source APB
Note: le site web CYBELE vous permet d’évaluer le risque lors de la prise d’une substance médicamenteuse durant la grossesse (en fonction du trimestre) et durant l’allaitement.