Les médias ont rapporté dernièrement que la Ministre de la Santé planchait sur un A.R. permettant la vente par la grande distribution de produits jusqu’ici vendus exclusivement en pharmacie.

L’exception belge face à la réglementation concernant les dispositifs médicaux voulue par l’Europe ne sera apparemment plus.

Cela n’a pas manqué, à juste titre, de faire réagir un bon nombre de pharmaciens.

L’APB a réagi à cette annonce en mettant l’accent sur la sécurité et l’intérêt du patient qui ne sont pas pris en compte par cette future mesure.
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MESSAGE APB :
Les supermarchés ne sont pas des pharmacies et les pharmacies ne sont pas des supermarchés !

Le plan de la ministre de la santé de permettre aux supermarchés de vendre des dispositifs médicaux sans aucune forme de conseil, pose quelques questions fondamentales. Les patients auront toujours le droit à des conseils.

Depuis des décennies, les pharmaciens délivrent des dispositifs médicaux et donnent aux patients des conseils appropriés et personnalisés. Le plan de la ministre de la santé de permettre aux supermarchés et autres magasins de vendre également ces dispositifs médicaux sans aucune forme de conseil, n’y va rien changer mais pose quelques questions fondamentales. 

Les patients auront toujours le droit à des conseils et un accompagnement lors de la dispensation des dispositifs médicaux et le pharmacien est et reste la personne appropriée. Et ces patients pourront toujours faire appel à leur pharmacien de confiance.

Le secteur des pharmacies ouvertes au public est confronté comme tant d’autres secteurs à un vent de libéralisation en vogue sur l’ensemble de l’Europe. La priorité pour notre secteur est avant tout de garantir la sécurité et la santé des patients, également dans ce contexte. Le pharmacien est là pour y veiller quotidiennement.

Avec la mesure actuelle qui annonce la dérégulation des dispositifs médicaux (stériles et « drug alike ») – produits qui jusqu’à présent étaient uniquement dispensés par les pharmaciens d’officine- nous avons quelques interrogations :

  • L’intérêt des patients a-t-il réellement été pris en compte ? Ne faudrait-il pas opter pour un système graduel en fonction du niveau de dangerosité  potentiel des différentes catégories de dispositifs médicaux qui veille d’abord à préserver la santé des patients ?
  • Le nouveau système doit, quoiqu’il en soit, garantir la qualité, la traçabilité, la sécurité et l’accessibilité pour les patients. Le système mettra-t-il en place toutes les garanties pour protéger la population ?
  • Certains dispositifs médicaux comme les produits « drug alike » qui ressemblent très fortement à des médicaments (mais qui n’en sont pas) nécessitent selon nous un accompagnement approprié. La demande d’un produit est un moment charnière pour analyser la plainte et référer, si besoin, vers une prise en charge médicale. Qu’en sera-t-il ?

La délivrance en pharmacie de ce type de produits garantit cet accompagnement légitime. Le pharmacien vérifiera toujours si le produit demandé est adapté et si les symptômes sous-jacents ne sont pas révélateurs d’une pathologie plus grave.

Il est nécessaire d’avoir une politique cohérente. Il y a plus d’un an, un cadre pluriannuel a été mis sur pied avec la ministre de la santé et les pharmaciens pour renforcer l’accompagnement des patients par la mise en œuvre de nouveaux services comme celui de pharmacien de référence : l’exemple même d’un suivi personnalisé à l’officine. Aujourd’hui,  apprendre que la même ministre travaille sur la dérégulation des dispositifs médicaux, notamment « drug alike » et se demander si la sécurité des patients sera pleinement garantie, cela pose des questions sur la cohérence politique.

Les pharmaciens d’officine continueront à garantir que chaque personne qui vient à la pharmacie reçoit les conseils appropriés et que le produit qui est délivré, est bien adapté pour le patient.